L’alternance au sein des partis d’opposition, si elle indiffère peu ou prou les Tunisiens, semble se placer au cœur des préoccupations de leurs membres. Les rivalités battent leur plein entre les cadres de ces mouvements, et les candidatures se multiplient pour briguer le poste de numéro un. Des signes avant-coureurs de scission se font jour au sein de certains partis proches du pouvoir en l’occurrence, le Parti de l’Unité Populaire (PUP), l’Union Démocratique Unioniste (UDU), et le Parti Social Libéral (PSL). Pomme de discorde : la course à la direction. La reconduction de Mondher Thabet (PSL), Mohamed Bouchiha (PUP), et d’Ahmed Inoubli (UDU), se trouve ainsi hypothéquée, et la concurrence se révèle être rude lors des prochains congrès électifs.
C’est tout à fait normal que désaccords aient lieu au sein d’un mouvement politique. C’est l’essence même de l’action politique que d’avoir de l’ambition, et de vouloir gravir les échelons des instances dirigeantes d’un mouvement au sein duquel on milite, et auquel on a adhéré par conviction et par accord avec son idéologie, sa ligne politique, et son programme. Concrètement, le débat d’idées au sein des partis politiques s’illustre principalement par la participation de ce parti à l’animation de la vie politique, et du débat public, par des contre-propositions crédibles dans des secteurs clefs de l’économie, de l’éducation, de la santé, de la recherche scientifique, de l’emploi, etc. Un parti politique se doit de s’impliquer dans les choix stratégiques du pays, et contribuer, si besoin est, à les corriger, et à les enrichir.
Une règle de base s’il en est, qui ne s’applique pas toujours à la réalité des partis de l’opposition tunisienne. Les mouvements d’opposition parlementaires, dans leurs différentes mouvances, socialiste, libérale, nationaliste, progressiste, sont immatures, et ressemblent plutôt à des projets inachevés, et sans réels objectifs.
En mal de légitimité et de crédibilité, les partis d’opposition sont en rupture avec la base, et s’appauvrissent d'une force de proposition digne de ce nom. Leurs priorités ne sont pas claires, leur voix est inaudible, et leur action peu perceptible. Focaliser sur la succession au premier responsable est, de ce fait, totalement incongru, car, cela donne l’impression que les partis font passer les querelles personnelles, avant les problématiques de fond, qui, intéressent, le présent et l’avenir des Tunisiens Exemple et non des moindres, la Tunisie s’apprête à s’engager dans une réforme cruciale du régime des retraites ; où en sont les partis d’opposition de ce débat, et de ses corollaires : vieillissement de la population, déficit des caisses sociales, chômage, etc. Se cantonner dans des querelles de chapelle, s’occuper de sa petite personne, et de sa carrière politique, serait-il plus important que de contribuer à un débat décisif qui engage le présent et l’avenir des Tunisiens ?
L’opposition tunisienne a urgemment besoin d’une profonde remise en cause, d’une révolution des mentalités et d’une rénovation structurelle. Son atonie n’a que trop duré. Il ne s’agit pas de changer les hommes, car ce ne sera que bonnet blanc, blanc bonnet, mais de changer la conception et les idées sous-jacentes à ces entités sensées apporter de la valeur ajoutée à la vie politique et intellectuelle dans le pays.