Pour les fondateurs du «mouvement du 18 octobre», cette coalition constitue une entreprise originale en matière de rénovation politique. Soit. L’entreprise est de taille. Mais ils oublient de dire que l’équation que « le ramassis idéologiquement et politiquement hétérogène» qui forme cette alliance -devenue de facto artificielle et de circonstance- a à résoudre présente plusieurs inconnues.
Et la première d’entre elles comme l’explique une figure emblématique du Mouvement Ettajdid, dans une très remarquée analyse parue dans l’organe de son parti, a trait aux aléas d’un projet qui «veut réaliser une synthèse unitaire de sensibilités différentes dans une cohabitation originale de militants venus d’horizons divers et qui est appelé à bannir les anciennes cultures de l’intolérance de l’exclusive, de l’exclusion ou de calculs de rapports de force». Rien que cela !!!
Les fondateurs du « mouvement du 18 octobre » n’ont aucunement réussi cette révolution culturelle, mentale et psychologique, condition sine que non seulement au succès de l’entreprise mais surtout à sa durée. La gageure politique et idéologique est énorme. Tant il est vrai que, comme cela a très lucidement analysé, «cette équation ne peut être résolue par la seule bonne volonté des uns et des autres constamment menacés et bousculés par les vieux réflexes qui peuvent se transformer en démons diviseurs au nom d’une prétendue vérité ou d’une simple opinion contraire à celle des autres». Tout le problème est là en effet !
Les architectes du « mouvement du 18 octobre » croient disposer du bâton de Moise et s’assimilent à «l’attendu Mehdi des chiites» en matière de renouveau démocratique. Ils entendent tout simplement constituer une «alliance» -plus ou moins avouée- avec le courant islamiste d’Ennahdha. Ils refusent d’affirmer que le débat démocratique est une chose, alors que l’alliance à tout prix en est une autre.
Cinq ans après sa création, le «mouvement du 18 octobre » a publié de nombreux communiqués. Ses membres ont voyagé dans de nombreuses capitales européennes. Ils ont pu quémander des subventions pour payer leurs voyages. Ce mouvement a accouché d’une souris.