De nos jours, plusieurs faits appellent un travail de clarification autour des expériences et des acquis de la démocratie participative en Tunisie : l’invasion médiatique attentatoire à la souveraineté nationale, l’évolution de la pratique démocratique (de l’entreprise au quartier, en passant par les consultations nationales), le nouveau terrain des lieux de pouvoir, les leviers nécessaires de la transformation sociale et de l’émancipation humaine, le rôle des élus politiques ou non (syndicaux, associatifs) et la question du pouvoir effectif des citoyens.
Il ne suffit pas qu’une constitution reconnaisse à tous les citoyens le droit de participer à la chose publique en organisant le suffrage universel masculin et féminin pour passer des droits politiques aux droits sociaux. La restructuration de l’économie capitaliste mondiale et la dérégulation des économies nationales produisent des phénomènes qui tendent à remettre en cause les droits sociaux conquis dans le contexte de l’Etat national. La démocratie vit aujourd’hui dans la tension entre un principe qui vient de la tradition républicaine et un autre principe qui est vraiment le principe libéral. Du point de vue de la démocratie politique, une démocratie est un système qui permet à toutes les personnes de se donner une dignité politique en participant, par leur vote, à la formation de la volonté commune. Du point de vue de la démocratie sociale, est vraiment démocratique ce qui s’inscrit dans le sens de la préservation et de la consolidation des droits économiques, sociaux et culturels. La démocratie ne doit pas simplement constituer une forme politique et un système d’institutions où tous les citoyens puissent s’exprimer ; elle doit aussi passer sur le terrain du social, de l’économique et du culturel. C’est ce que démontre la volonté politique qui ne cesse de puiser dans l’héritage de la pensée réformiste nationale tunisienne.