mardi 13 juillet 2010
La Tunisie a besoin d’une opposition qui pèse sur le cours des évènements
Les évènements ont montré l’opposition radicale a des limites structurelles. Elle reste une opposition protestataire. Le problème est le suivant : va-t-elle continuer à rester exclusivement protestataire ? Elle peut rester protestataires pendant des années encore. Ce n’est pas la solution. Une opposition protestataire est nécessaire, mais elle n’est pas du tout suffisante pour résoudre un problème fondamental qui est toujours sans solution dans le pays. C’est-à-dire une opposition démocratique progressiste large, capable de peser sur le cours des évènements.
Le problème fondamental du Parti Démocratique Progressite est de savoir comment mettre en œuvre un mouvement qui se détache des anciens clivages idéologiques. Si on l’envisage comme un pur mouvement de gauche au sens traditionnel, alors ce sera un mouvement limité et condamné pratiquement à l’échec. Par contre, si c’est un mouvement moderniste et progressiste, il doit réussir à convaincre l’opinion et la jeunesse. Il faut trouver un sens de l’engagement conforme aux exigences nouvelles d’une société complètement transformée. Tout a changé.
Or, Certains voudraient figer le PDP dans des allégeances idéologiques héritées de la guerre froide. C’est ainsi que la motion présentée il y a quelques années par Mohamed Goumani et Fethi Touzri lors d’un congrès du PDP a été mise en minorité. Et pour cause. Ces deux membres de la direction du même Parti Démocratique Progressiste ont fait des propositions pour relancer le processus démocratique. Selon Mohamed Goumani, actuel secrétaire général adjoint et Fethi Touzri membre du Bureau Politique, « l’opposition indépendante est restée contestataire et sans véritable emprise sur les rapports de force. Cela doit nous conduire, tous, à de véritables remises en question. Car cet état de choses n’est ni dans l’intérêt du pouvoir, ni dans l’intérêt des partis de l’opposition, ni encore moins dans l’intérêt de la société. Le blocage politique peut être porteur de risques pour notre pays ». C’est ce qui a poussé ces membres du bureau politique de quitter le parti en 2009 puisque la ligne stalinienne qui domine le parti refuse toute mise en cause des orientations dogmatiques du parti.
Aujourd’hui, lePDP apparaît comme un parti de cadres sans une base militante et dont l’activité ne va pas au-delà de la capitale et des grandes villes. Il s’incarne dans la personnalité de son dirigeant. Ahmed Néjib Cebbi bat les records de longévité et considère le PDP comme une propriété personnelle. A l’instar du PDP, d’autres fractions de l’opposition politique radicale se doivent de faire le ménage dans leurs rangs. C’est la seule façon d’y éviter les dégâts causés par l’infiltration, le spam, l’intox et, parfois, le manque de vigilance de militants dont la bonne foi n’est nullement contestable. C’est la seule façon une force porteuse de propositions constructives.